SI BELLE

Elle débarque, mon cœur embarque. Sans équivoque, je la désire. La sensation d'antan qui me manque, va-t-elle revenir ? À trop rêver, à trop penser, j'ai oublié ce qu'est aimer. J'ai perdu le fil, l'amnésie se profile. Moi qui l'avais tant désirée, je donnerai tout pour ne pas l'effacer. Regarde-moi, touche-moi, charme-moi, une nouvelle fois. Mon cœur est résigné, a accepté ; la nostalgie ne le veut pas, ne l'admet pas. Mon cœur pansé, je tente d'annihiler le passé. Elle est si belle, elle est si belle... la sensation d'antan qui enivre, qui fait revivre. Elle est si belle, elle est si belle... son âme qui veille, qui m'émerveille. Derrière la peine infligée, l'histoire, les ressentis figés. Va-t-il revenir, le prompt désir ?
 

Hélyo James, 23 janvier 2022

TU N'AS PAS LE DROIT

Je ne peux plus descendre là-bas sans une pensée pour toi. Je n'aime pas ça. Je veux vivre libre de toute pensée, de tout mirage, qui me hanterait de toi. Tu n'as pas le droit. Ça, c'est à moi. Tu n'as pas le droit, tu n'as même pas demandé. C'est à moi, pas de ces choses que je veux partager avec toi. Va-t'en. Tu n'as pas le droit, je ne te l'ai pas donné. Mes cris, devenus silences redoutés, parlent pour moi. Je ne veux pas de toi, pas là-bas. Laisse-moi crier en paix, tu ne seras pas le sauveur. Je voulais tant de toi, mais pas comme ça. Non, tu n'as pas le droit, c'est à moi. Va-t'en.
 

Hélyo James, 19 janvier 2022

RÉVERBÉRATION

Je rêve jusqu'à la dernière lune, fais fi de toutes ces dunes. La mélodie qui résonne sans fin, dans un silence enfantin. Les pensées qui meurent dans le sillage, la liberté en héritage. La barque qui balance, et qui sur les vagues s'élance. Je rame vers le lointain rivage, je prends le large. La plume qui s'envole dans le tourbillon de l'enclume dans cet ancien sillon. Martelée par le cœur ensorcelé, le cœur du trop penseur. J'amarre. Le cœur dormant, protégé de cet aimant, de ces amants. Sur la marre... je perçois enfin son reflet. Je le vois, l'enfant fluet. Cette plume apprêtée et cet arc qu'il a tressé ; les roues, les lames, le bois sous ses pieds ; son ombre dansante autour du feu crépitant et la guitare chantante... La barque amarrée, ce ne sera qu'un bref arrêt. Je perçois enfin son reflet... je le vois, l'enfant fluet.
 

Hélyo James, 17 janvier 2022

SOUVENIRS D'UNE NUIT D'ANTAN

Le silence nocturne... Le vide... Il n'y a personne sur cette route... La voiture fend l'air froid de la nuit, le seul bruit alentour. Je vais vite, peut-être un peu trop. Il fait noir, c'est à peine si les phares percent à travers le brouillard. C'est dangereux, je le sais, je le sens. La radio qui grésille ne présage rien de bon. Je ne décélère pas, je ne ralentis pas, ma vitesse reste constante... trop rapide. Je flirte avec la mort, le danger qui m'assaille. Je reste sourd à mes intuitions, sourd de ma raison. Étrangement, ça me fait du bien. C'est presque si je me sens vivant, pour une fois. 
 
Les paysages défilent dans l'obscurité, la forêt à perte de vue. J'entends les loups hurler, les grillons chanter, les pas dans les feuilles mortes, le bois qui craque. La Nature sauvage qui ne dort pas, jamais. À travers l'épais nuage, je perçois des ombres, des mirages, j'hallucine. Dans le silence obscur de la nuit, la vie semble veiller, doucement, prudemment, sur un danger. Elles m'appellent... les étrangetés de la nuit... elles m'appellent.
 
Il fait chaud dans la voiture, la ventilation rugit pour faire fondre la condensation. Et si... ? Un coup de volant, juste comme ça, juste pour voir. La route déserte laisse place aux prédictions. Les visions me font voir ce qui m'arrivera, si je ne ralentis pas, si je ne décélère pas... au coin d'un virage, dans le brouillard... les hurlements de la gomme sur le sol routier, les roues qui heurtent l'obstacle, les tonneaux... le bruit sourd, les bris de verre, la fumée... le sang sur le pare-brise, la respiration sifflotante... la mort dans cette forêt, ce soir-là, dans mes songes...
 
La radio n'en finit pas de grésiller, je roule encore, à vitesse constante. Je flirte avec les règles, mes limites. Je n'ai pas peur. Ce soir-là, je n'ai pas peur. Et si... ? Et si c'était la fin ? Des ressentis, l'absence de ressentis... La mort de ces mirages, de ces films qui me privent... Je n'ai pas peur de mourir. Je me fiche de l'absence de vie... mais pas d'eux, pas d'elles... Jamais je ne le pourrai, même si je ne ressens rien, même si la joie m'habite... Ce soir-là, juste pour voir, juste comme ça, je me suis dit... et si... ?
 
Hélyo James, 2 janvier 2022