Ma tête hurle et ses hurlements m'empêchent de dormir. À force de les faire taire, ils hurlent. Mes sentiments bien sûr, tout est toujours question de sentiments. J'avais mal au cœur, tellement mal au cœur ; tout le temps, sans arrêt. À présent, j'ai mal au crâne. J'ai fait taire mon cœur alors mon crâne hurle. Il hurle de le réanimer, de ne pas laisser mon cœur mourir. C'est paradoxal, j'ai l'impression qu'il meure chaque fois que je l'écoute battre. La pression intracranienne est immense, immensément douloureuse. J'ai la nausée et mes yeux sortent de leur orbite. Les hurlements résonnent partout dans mon corps, ils paralysent mon repos et martyrisent mes os de leur vibration incessante. Mes muscles ne se reposent jamais, ils souffrent de se contracter. J'ai si mal que j'en perds la vue, littéralement, ma vision se trouble. J'ai si mal que je vais m'effondrer, mon crâne va se fracasser contre le sol de porcelaine, la pression va se libérer dans un jaillissement de sang. Je ne peux pas ignorer les faits, ils sont flagrants, ils sont constants. C'est pour ça que je fuis : pour ne pas affronter ces maux qui me hurlent dessus. C'est pour ça que j'oublie : je suis épuisé d'aimer. Je n'ai plus de cachets dans mon armoire pour atténuer les hurlements de mon crâne. De toute façon, il n'existe qu'un seul remède à cette fatigue éternelle : le paradoxe. Tout est toujours paradoxal. Je me meurs d'aimer alors je dois aimer. Et si je ne veux pas aimer de cet amour unE autre que moi ? Tant pis, ça ne suffit pas. Les hurlements résonnent seulement lorsqu'il y a une chose qu'il m'est impossible d'admettre, seulement lorsque je refuse un non-sens inné. Mon crâne hurle parce-que j'ai décidé d'abandonner ; il hurle parce-que, capricieux qu'il est, il ne peut accepter ma solitude innée. Mon crâne hurle parce-que j'ai refusé la répétition d'un scénario qui m'a déjà blessé, qui m'a trop de fois brisé. Alors quoi ? Je suis damné à souffrir quoiqu'il en soit ? Franchement, c'est d'un ridicule ! Je suis éreinté. Taisez-vous et laissez-moi dormir en paix. Mes yeux vont exploser, ma tête va fondre sous la pression accumulée. Les lettres de mon clavier tremblent déjà. Je mélange les mots, je ne suis plus capable de lire, je ne suis plus capable d'écrire, je ne peux plus dormir, j'ai la sensation de mourir.
Hélyo James, 27 décembre 2023