BULLES INVISIBLES

Tu sais parfois je donne l'impression d'être sage et calme, parfois même trop... mais la vérité c'est que je suis meurtri. La vérité c'est que personne ne sait, ne sait qui je suis.
 
Je suis le Grand Sage invisiblement fou qui sait tout, voit tout, sans jamais être vu. Omniscient, maître d'une vérité unique, ma vérité. Sens unique est le mot qui rythme mes relations, les gens s'attachent sans s'attacher, se confient sur tout puis m'oublient. Je suis le confident, toujours là pour toi, toujours là pour eux. Et moi ? Qui est là pour moi, me comprendre, me voir ? Je ne suis pas un être mystique, seulement un être invisible. Je ne détiens aucune vérité qui ne soit autre que la mienne. Je ne suis pas non plus omniscient, être attentif est mon seul pouvoir.
 
[...]
 
Mais merde à la fin !! Ouvrez donc vos yeux !! C'est insensé ! Je hurle intérieurement, mais personne n'entend. C'est aberrant.
 
Je suis seul et le sais, je me suis fait une raison. Pourtant, quelques fois les gens percent ma bulle et y font pénétrer de l'air extérieur, je souffre. Si seulement une personne pouvait la percer sans y laisser un air impur... Toi là ! Me comprends-tu ? Me vois-tu ? Ou ne suis-je qu'une autre illusion déniée par le monde ? Oh eh !! Je suis là !! Moi ! Je suis là... Aucune réponse, le monde est sourd de moi. Silence meurtri, silence meurtrier. Je n'ai qu'une envie, celle de crier au secours.
 
Nous sommes meurtris, dans un monde meurtri. Incompris. Seuls au monde. Se tournant le dos, ne sachant s'il s'agit d'un monde réel. Je sais ce que je veux à présent, et ce n'est pas de ces illusions. Je te veux toi, que j'eusse vu autrefois... seulement si tu veux de moi... mais pas de ces illusions... Je n'y retournerai pas. Ma bulle est solidifiée, indestructible, la tienne encore affaiblie.
 
Nous nous enfermons dans une bulle invisible pour survivre à ce monde... Perce ta bulle complètement, ou bien ne la perce pas du tout. Arrête de te faire du mal en y laissant des petits trous. Cette fois-ci, il n'y a pas de juste milieu. Je suis revenu pour te chercher, ne pouvant me restreindre à t'abandonner... mais ne peux te forcer. Ne perce pas ma bulle, je t'en supplie... Ne perce pas ma bulle, pas cette fois...
 
Je suis là maintenant, alors soyons honnêtes. Tu as essayé, encore et encore, ça n'a pas marché. Essayons une chose nouvelle, mon ange.
 
[...]
 
J'ai l'impression d'écrire les lignes d'un fou, de passer pour un fou. Peut-être est-ce le cas, peut-être suis-je fou. J'aime ma folie, lorsque ma folie me rend heureux, lorsque ma folie ne dérange personne. J'ai l'impression qu'elle dérange maintenant, qu'elle se heurte à un monde autre que le mien, qu'elle se heurte à... ton monde...
 

Hélyo James, 4 octobre 2020