Je regarde mon image, accrochée sur le frigo, je ne me reconnais plus. Je ne suis pas si merveilleux qu'il le pense. Je suis laid, tellement laid que c'en est affligeant. J'ai un cœur de pierre pur, un cœur aussi bon qu'il est noirci par la toxine qui l'anime. [...] Je ne suis pas celui que l'on voit sur la photo, je ne suis plus personne. Je suis fatigué de ne pouvoir aimer, je suis fatigué de ne pouvoir mourir. C'est une bataille continue que je mène incessamment dans mes songes. C'est une guerre que jamais je ne pourrai gagner. Je ne suis plus là, je ne suis plus devant toi, je ne suis plus nulle part. Je suis tellement, tellement laid. Je ne raisonne plus, je ne résonne plus, je ne rayonne plus. Coquille emplie de l'invisible, telle la perle silencieuse de l'huître. Deux visages gravés sur les deux faces de la pièce. L'ange rayonnant au soleil, le démon hurlant à la lune. Ma peau est brûlée jusqu'aux cendres, mon âme est fantomatique. Je suis un monstre, un monstre qui erre dans un labyrinthe de sentiments oubliés. Je pensais cet état la conséquence de ce tout, de toute évidence il en est la cause. Le reste n'est que subterfuges, illusions, allusions ; le reste ne sert qu'à masquer l'horreur réelle et soudaine que je suis devenu. Tu vois, tu ne peux pas m'aimer. Je ne suis qu'une psychose, un simple délire.
Hélyo James, 2 décembre 2023