LES DOMINOS

Le soleil brillait de mille feux, lorsque le matin je regardais par ma fenêtre. Sa respiration dans mon cou me soufflait que tout allait bien, que la journée s'annonçait belle. Nos baisers me révélaient la simplicité complexe des relations humaines et l'amour éternel de deux amants-aimants. L'air frais matinal réchauffait mon âme jusqu'à la soirée. Les nuages abreuvaient mes feuilles du temps, de temps en temps. Tout était beau, tout était si beau. Et puis... je suis tombé, j'ai trébuché. J'ai trébuché sur mes éternelles et sempiternelles questions. J'ai perdu la vue, j'ai perdu l'ouïe. J'ai perdu le temps, j'ai perdu mon cœur. Et puisque j'attire l'improbable, j'ai même perdu la vie. J'ai perdu la vie si parfaite, même imparfaite, dans laquelle je naviguais. Je ne sens plus de souffle dans mon cou, je ne sens plus de mains dans mon dos. Je ne vois plus de toit, je n'entends plus sa voix. Je ne vois plus ma terre, ma terre d'accueil, ma terre de cœur, je suis forcé de retourner sur la mer. Comme une partie de dominos géants, la tour au complet s'est écroulée. Je ne suis même plus dans le droit, je n'ai même plus de droits. À présent je crains d'être chassé hors de ma terre de cœur, loin de mon cœur. Je n'ai jamais de répit, j'en suis interdit. Et si demain je meurs, je serai interdit de demeure : parole du gouverneur. Je resterai éternel dormeur, prisonnier de mon malheur, loin de ma terre de cœur, ma tant chère terre de cœur.
 
Hélyo James, 22 décembre 2023