La neige qui recouvrait les terres s'est transformée en eau berçant le sable. Une journée à faire tourner des roues sur les routes désertes, sur les routes sans fin. Un temps suspendu par les lourdes pensées qui se perdent au fil des milles qui défilent. Tout s'y prête et pourtant les songes se figent, les réflexions se meurent. L'absence de ressenti n'a que faire de l'axiome, elle prive de recherches intérieures. Ainsi qu'importe les tentatives en nombre, qu'importe la motivation qui assaille, la philosophie se meure, et le passé demeure.
Comment exprimer le vide qui envahit le cœur alourdi ? Comment retranscrire le grésillement des pensées qui restent inchangées, indifférentes ? Comment retrouver l'âme assourdie par le voile invisible ? Les émotions, enterrées avec l'être vidé de tout son être, son paraître voilé. Dans l'eau divague son corps endormi, animé par le seul automate qui se noie. Sur le large échoué, la réanimation qui commence. 1, 2, 3, 4... Le souffle... Aucun changement. Les lèvres bleues, vidées de sang, gelées. Les mains figées, violacées, glacées. 3% : la probabilité que la vie le rattrape avant la mort.
Les émotions ne lui reviendront pas, la vie ne lui reviendra pas. L'acharnement continue mais il reste inchangé : trop loin il a dérivé. 3%... 3%... Reviens... Reviens-moi... Un dernier regard, une dernière fois... 1... 2... ... ... Le souffle... Aucun changement... Respire... Ressens, le souffle... Reviens... Reviens-moi...
La neige qui recouvrait les terres s'est transformée en eau berçant le sable. Une journée à faire tourner des roues sur les routes désertes, sur les routes sans fin. Dans l'espoir d'un ressenti, dans l'espoir qu'une réflexion émerge enfin de sa noyade, qu'une émotion refasse surface. Pour exister, pour ressentir, pour enfin respirer. 3%...
Hélyo James, 27 décembre 2021