DANSE NOCTURNE

Il y a des mains qui s'enlacent et des lèvres qui s'embrassent. Des bouches qui se targuent tandis que les pensées divaguent. Il y a des gens qui condamnent et des yeux qui se fanent. Des écailles qui s'émaillent et des cœurs qui s'épargnent. Quant à moi, je rêvasse sans godasses jusqu'à ce que le jour s'efface.
 
Hélyo James, 24 juillet 2025

RAFALES DE L'OMBRE

Dans l'ombre de la nuit : les soupirs insomniaques et les pensées en rafale. Un tintamarre résonne sans parvenir à rompre la candeur de minuit. Au ralenti, les ombres se meuvent autour du lit. Quant à moi, je dévale. Mes rêves ont le goût d'ammoniaque. Prisonnier du temps qui passe, des heures qui n'avancent pas, je regarde les créatures qui, toutes de noires vêtues et s'abandonnant à une drôle de danse, semblent hurler tout bas. La voix du silence ; la plus audible des voix. La plus visible aussi, en témoignent ces ombres valsantes. Elles crépitent comme les flammes lorsqu'elles engloutissent les feuilles, le matérialisme et une part de nostalgie. Ça fourmille, ça grouille de partout. Petits insectes blancs se promenant dans les braises dorées. Petits chemins tracés du bout des pattes. Frémissements nocturnes dans la vulnérabilité volatile. Du bout des ongles, de ses doigts sur ma chair, les frissons dans mon dos.
 
Hélyo James, 3 juillet 2025

POURQUOI LA TRANSE

Les mots s'envolent et je reste muet. Je suis là puis je n'y suis déjà plus. On me demande de choisir or je ne veux que vivre. Je veux partir pour m'envoler auprès des mots. Je veux voler si haut que même le ciel ne serait plus un ciel.
 
Je veux sentir chaque petite particule dans l'air, chaque molécule dans la terre, chacun des atomes qui font de la mer une mer. Je veux errer telle une âme en métempsychose. Relier ciel et terre et vibrer à la fréquence lunaire et puis à celle de l'univers aussi. Alors je danse ; ou du moins j'essaie. J'apprends à délier mon corps pour relier le vivant et le mort. Je danse pour sentir la fréquence de la matière, m'y connecter, côtoyer le métaphysique et le philosophique. Je suis électron libre, je vagabonde, je vibre et puis je... je vais vivre un peu plus loin, m'abandonner ailleurs, me questionner, encore.
 
Je danse pour entrer dans une sorte de transe.
 
Hélyo James, 28 mars 2025

ANCRAGE

Alors que les pensées affluent, que mon cœur est à l'affût, la sagesse des arbres m'affuse. Leurs racines incombent de vibrations la terre qui sonne le vent de m'indiquer l'aval. Perchée sur une branche de pin, la dryade joue de sa flûte pour permettre à mon intuition de dicter mes pas. Mes yeux étaient aveuglés par la poussière de fées, par la merveilleuse vision de la terre gelée. Mes oreilles étaient assourdies par le murmure du fleuve, par les doux mots charmeurs, les charmantes promesses. Mon nez était prisonnier des effluves d'érablières à en sucrer mes rêves d'ancrage. Mon corps est ma plus grande liberté, mon plus bel ancrage. Merci les arbres, merci dryade, merci Leons Bridges et merci humainEs. Je lève l'ancre de cette terre de cœur, de cette maison mère. Je prends mon envol vers des contrées nouvelles, un avenir incertain.
 
Hélyo James, 1er mars 2025

FAUCON EN EFFROI

Perché au sommet : le faucon. Du haut de son perchoir, il hésite à plonger. Il a peur du vide, peur de voler à ras, peur de se manquer. Lui, pourtant si précis, a peur de se manquer. De passer à côté de l'arbre aux mille branches et de s'enfarger dans un feuillage trop profond, trop étroit, trop dense. Il a peur des couleurs qui se ternissent à l'automne, redoute leur absence à l'hiver, évite leur fragilité printanière et leur flamboyance estivale l'intimide. 
 
Il est indécis dans ses certitudes intuitives. Il a peur de se manquer, peur de plonger, peur de ne pas plonger. Il a peur d'effrayer l'écureuil qu'il essaie seulement d'approcher, le chat qu'il souhaite simplement saluer. Il a repéré la belle petite roche en contrebas, scintillante dans le sable ruisselant de couleurs mirobolantes. 
 
Il hésite encore à plonger, il a peur de se manquer. Peur de manquer son beau perchoir, de ne plus jamais retrouver la sérénité qu'il lui apporte, de devoir masquer son étrange plumage à ses comparses, de ne plus parvenir à déployer ses ailes. Le faucon le sait : la peur paralyse.
 
Le faucon a peur car le faucon désire. Il désire sa liberté, ne veut plus avoir à vivre autrement, à vivre reclus. Il désire se connecter, pouvoir partager, resplendir de mille et une couleurs. Le faucon attend d'imiter les flocons.
 
Hélyo James, 23 février 2025

SIFFLEMENT LUMINESCENT

J'entends le chant des lucioles, la mélodie du vent qui sifflote et virevolte autour de moi. Le son pétille dans mes tympans, les pétillements prennent possession de mes pensées. Mes mains tremblent et je regarde impuissant l'impulsion grandissante au bout de mes doigts. Ils cherchent dans l'invisible le sensible et l'indicible, un semblant de toucher pour provoquer l'équilibre. Je suis transporté par la luminescence, transcendé par l'incandescence, indécent par mon absence. Mes jambes tressautent, mon corps trémule, je trébuche sur les dogmes que laissent traîner des gnomes. Je rêve d'abandons, de plongeons dans le vide et d'un soupçon d'attraction. La terre m'appelle et je ne sais que répondre.
 
Hélyo James, 19 février 2025

SOURIRES ET SOUVENIRS

Parfois, dans l'horizon, quelque chose me sourit. Le souvenir de ton bonheur, de ton sourire, me salue. Parfois, je me demande ce que tu penses, où tu es à présent. Je me demande si tu me vois aller, si tu vis un peu à travers moi, si tu voyages encore avec nous.

C'est drôle mais plus le temps passe, moins tu t'effaces. C'est comme si, constamment, ton écho résonnait autour de moi. Souvent, je souris quand je pense à toi. Je t'imagine me sourire en retour, ton regard attendrissant qui murmure "Je suis en paix" et puis... je suis en paix.
 
Hélyo James, 3 février 2025